Accusée d’être la principale complice du roi émérite d’Espagne Juan Carlos dans son affaire de blanchiment d’argent, Corinna zu Sayn-Wittgenstein a été même convoquée d’apparaître devant la justice espagnole. Lors d’une entrevue accordée à la rédaction de Paris Match, l’ex-maîtresse du roi déchu a décidé, depuis la capitale londonienne, de révéler sa version des faits.

En effet, depuis 2008, Juan Carlos d’Espagne se retrouvait dans le viseur de la justice. L’ancien souverain est soupçonné de corruption d’une somme avoisinant les 100 millions de dollars qu’il aurait placé dans une banque suisse sur un compte appartenant à la fondation Lucum.

« Si elle tombe, elle ne tombera pas seule. »


Au cours de la même période par ailleurs, cette même organisation a effectué un virement d’une coquette somme de 65 millions de dollars vers un compte dont le titulaire n’est rien d’autre que son amoureuse, Corinna zu Sayn-Wittgenstein.

A l’époque, la fondation avait expliqué ce mouvement comme une sorte de don de la part du roi pour la jeune femme et son fils. Et naturellement, affirmait Corinna zu Sayn-Wittgenstein, « Je n’avais aucune raison de questionner un chef d’Etat », en faisant allusion à la provenance des fonds.

« Les révélations qui ont suivi », poursuivait-elle, ne sont que des manipulations destinées à « créer une gigantesque controverse ». « Tout cela », assurait-elle, « est motivé par un agenda politique. »

Par contre, Yves Bertosa, le procureur suisse chargé de traiter l’affaire, soutient une autre hypothèse. Selon lui, cet argent proviendrait d’une malversation autour de la construction du TGV Médine-La Mecque, un contrat signé au cours de l’année 2011.

Par conséquent, Corinna zu Sayn-Wittgenstein fait l’objet d’une enquête en Suisse. Elle est accusée d’être l’instigatrice d’un réseau de « blanchiment d’argent aggravé. »

Mais une chose est sûre, soutenait un expert de la royauté d’Espagne, d’après ce qu’elle sait de la famille royale, elle est apte à faire chanter la monarchie. D’une façon ou d’une autre, affirmait le spécialiste, « Si elle tombe, elle ne tombera pas seule ».

« Envoyer l’ex-roi…en exil est irresponsable.»


Tout au long de l’entretien, la réponse de l’ex-concubine de l’ancien roi a été très explicite lorsque la question au sujet des craintes de son amant par rapport à ce qu’elle considère comme un « coup d’Etat interne » lui a été posée.

« J’ai deux fronts face à moi. Le premier est constitué par ma femme et ses lieutenants », rapportait-elle selon les confidences que Juan Carlos d’Espagne lui aurait faites. « Elle [la reine Sophia] est pressée », racontait-elle par la suite, « de mettre son fils [l’actuel souverain, le roi Felipé VI] sur le trône, parce qu’elle a beaucoup plus d’influence sur lui que sur moi. »

Le deuxième, enchaînait-elle, « est incarné par Mariano Rajoy [l’ancien premier ministre d’Espagne allant de 2011 jusqu’en 2018], qui a pour but de me castrer et d’affaiblir la monarchie.»

Quant à la question d’exil, la réponse de Corinna zu Sayn-Wittgenstein était sans appel. Durant une telle crise [affaire de corruption de Juan Carlos], soutenait-elle, « la famille royale aurait dû rester unie. Envoyer l’ex-roi à la santé fragile, en exil, et cela en pleine période de Covid, est irresponsable.»